Page:Devaux - Les Fellatores, mœurs de la décadence, 1888.djvu/185

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vidant les bouteilles de champagne, dévorant des piles de biscuits, étonnant les voisins par ses prouesses de gosier.

L’ivresse venue, il offrait des rafraîchissements à tous les soupeurs, distribuait des pièces de dix francs à toutes les soupeuses de profession, puis il les invectivait grossièrement, dévidant le jars comme la dernière des louis-quinze.

Il venait toujours seul, évitant de se laisser aller à ses intempérances de langage lorsqu’il distinguait dans le salon quelqu’un de son monde : mais, se sachant seul et inconnu, il terminait sa nuit par des disputes bouffonnes, des querelles d’ivrognes, que les garçons apaisaient à temps.

Il donnait sur les femmes, à haute voix, des renseignements qu’on ne lui demandait pas. Accusant justement les unes de fouiller dans les poches, d’avoir un souteneur, de tenir une table d’hôte où l’on empoisonnait les convives, de servir de pisteuses aux tripots clandestins, de