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les bonnes œuvres dont ils sont capables, effacer les taches qu’ils en pourroient avoir contractées. Quiconque n’a pas un de ces trois motifs en se mariant, ne se marie point en Chrestien, & commet un grand peché : & tous ceux qui estant surmontez par les passions de la chair, loin de regarder le Mariage comme un remede à leur incontinence, ne le considerent que comme un moyen de la satisfaire avec plus de liberté & d’emportement, se marient, non en Chrestiens ny en hommes, mais en bestes : & l’Ecriture Sainte dit qu’ils sont en la puissance du Diable. C’est ce que Dieu a fait voir visiblement par l’exemple de ces sept jeunes hommes, qui ayant l’un aprés l’autre épousé la vertueuse Sara, sans autre vûë que de contenter leur sensualité, furent étranglez par le demon la nuit méme de leur nôces, & avant que de satisfaire leurs desirs dereglez, selon qu’il est rapporté dans le livre de Tobie. Si le Demon ne tuë pas les corps de tous ceux qui se marient de la sorte, il est certain qu’il tuë leurs ames, & toute la suite de leur vie fait assez voir que c’est luy qui est le maistre de leurs cœurs. Saint Augustin ne craint pas de dire, qu’un mary coupable de cette intemperance, est l’adultere de sa propre femme, & que la femme devient la concubine de son propre mary. Il faut dire la méme chose de celles qui se marient avec ces mémes dispositions.

VIII. Exemple du mariage de Tobie & de Sara.


HEureux celuy qui peut dire avec le jeune Tobie : Vous sçavez, Seigneur, que ce n’est point peur satisfaire ma passion que j’épouse cette femme, mais dans de seul desir de laisser des Enfans par lesquels vostre nom soit beny dans tous les siecles. Heureuse celle qui peut dire de son costé avec Sara épouse du méme Tobie : Vous sçavez Seigneur, que je n’ay jamais desiré un mary, & que j’ay con-