Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome I, 1890.djvu/188

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porte, comme pour fuir une apparition de l’autre monde.

— Allons-nous-en ! glissa-t-il à l’oreille de son compagnon.

Mais Antoine parut se raidir contre la vague terreur qui l’envahissait, et répliqua bravement :

— Un mot, la mère ?

— Encore ? fit celle-ci.

— Faut-il donc renoncer à nos recherches ? Anna est-elle décidément perdue pour toujours ?

— Va demander au feu de l’enfer de rendre ses damnés ! Va prier les gouffres de la mer de remettre vivants sur le pont des navires les victimes qu’ils ont englouties ! Va dire au requin de lâcher la proie que ses dents ont broyée !… Mais n’espère pas une minute que les esprits malins qui voltigent dans les brumes du fleuve ramènent jamais dans les bras de Pierre Bouet l’enfant vouée dès sa naissance aux ténèbres des nuits sans lune !

Et, après avoir prononcé ces paroles énigmatiques, la sorcière fit de la main un geste impérieux.

— Maintenant, dit-elle, allez-vous-en et ne reparaissez plus !