Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome I, 1890.djvu/73

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Le mari ne répondit pas. Il se promenait d’un air farouche, tirant de sa pipe d’épais nuages de fumée.

— Vous devriez être content, continua l’épouse : vous voilà dans les honneurs, et avec une jolie petite nièce, par-dessus le marché.

L’époux accéléra sa marche, mais ne desserra pas encore les dents.

— Faudrait être bien difficile, assurément, poursuivit l’impitoyable Eulalie… Un amour d’enfant qui vous évitera plus tard le trouble d’hériter de votre frère.

Pour le coup, Antoine bondit. La botte l’avait atteint en pleine poitrine.

— Va au diable ! rugit-il, en lançant contre le poële sa pipe, qui se brisa comme verre.

Ce fut au tour d’Eulalie de se taire. Elle avait mis l’eau sur la roue du moulin : le moulin allait tourner.

— Le gueux ! le scélérat ! se prit à grommeler Antoine, tout en arpentant nerveusement la pièce, me voler ainsi !… me dépouiller !… m’arracher le pain de la bouche !… réduire mes enfants à la famine !… Et pour qui ? pour une va-nu-pieds, une quêteuse, une canaille, un marmot du diable venu