Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome II, 1890.djvu/113

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Le bonhomme — Oui, mossieu Papavoine, figurez-vous qu’ils étaient une dizaine de grands diables de sauvages, tout bariolés de peintures rouges, jaunes, vertes, noires et autres couleurs effrayantes.. Ils avaient un canot long comme d’ici à aller à demain et pas plus large que ça, tenez ! — Ils se tenaient cachés dans l’Anse à la veuve Pâquet.... Quand la brunante fut venue, le plus grand de ces démons s’est faufilé sous les arbres, le long de la côte, jusqu’en face d’ici ; puis il a grimpé comme un chat et sauté sur ma pauvre Anna, qui se reposait à l’ombre du gros noyer que vous voyez là.

Papavoine, se levant à demi et regardant avec frayeur dans la direction indiquée. — Oh !

Le bonhomme, se rengorgeant. — Oui, mossieu, si près de ma maison que ça !… Quand il eut empoigné la fillette, le sauvage redescendit la côte en deux sauts et courut la placer dans le canot… Il va sans dire que la petite était évanouie et ne se souvient de rien de ça, ni de ce qui va suivre… Ils poussèrent au large et filèrent par en bas.... Pendant six jours et six nuits, ils marchèrent, ou plutôt voyagèrent, sans s’arrêter…

Papavoine intrigué. — Et sans manger ?