Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome II, 1890.djvu/231

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malheureuse femme, si douce et si triste. Dans les premiers temps, elle éprouvait un véritable saisissement quand elle la rencontrait, marmottant d’étranges choses sans suite et toujours interrogeant les quatre points cardinaux, comme un marin sur le pont de son navire.

Mais la folle lui avait témoigné tant de plaisir de la voir, de la caresser, que l’orpheline avait bientôt surmonté toutes ses craintes pour s’abandonner entièrement au doux penchant qui l’entraînait irrésistiblement vers la bonne Dame Blanche.

Et c’était, ma foi, un charmant tableau à contempler que cette belle jeune fille, dans toute la splendeur de ses dix-neuf ans, entourant de son bras demi-nu la taille maigre de la pauvre insensée dont la chevelure toute blanche se mêlait à ses boucles blondes !

On eût dit une nouvelle Antigone guidant une Œdipe femelle, frappée d’une cécité bien autrement terrible que celle du roi antique : la cécité de l’intelligence !

Il ne s’écoulait pas un beau jour ensoleillé, que les voisins émus ne vissent ce couple si disparate aller et venir lentement sous les arbres qui bordent la côte.