Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome II, 1890.djvu/269

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temps, ni les événements n’ont le pouvoir d’altérer.

Pendant vingt années, lord Walpole avait erré par le monde, mordu au cœur, comme Prométhée sur le Caucase, par le vautour de ce fantôme de souvenir : sa femme et sa fille !

Et voilà qu’au moment où, vieilli et découragé, il ne songeait plus qu’à l’oubli, – voilà qu’il retrouvait ensemble la mère et l’enfant !

Son cœur débordait à la fois d’amertume et de joie, selon qu’il portait son regard sur le lit où gisait la folle, ou sur la sympathique et touchante figure d’Anna.

Après s’être fait raconter minutieusement l’étrange événement de la nuit du 15 septembre 1840, – pendant laquelle une chaloupe, partie d’un grand navire qui capeyait sous une bourrasque de vent d’ouest, vint déposer la petite Anna dans les bras de Pierre Bouet, – Richard Walpole fit cette réflexion :

— Il est bien difficile de se rendre compte du motif qui poussa ma femme à se défaire ainsi de son enfant, si ce n’est pourtant…

Comme le gentleman s’arrêtait, hésitant, madame Hamelin demanda :