Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome II, 1890.djvu/6

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défier la vigilance la plus active. Quand tous les honnêtes navires prenaient la voie ordinaire, c’est-à-dire longeaient la rive sud, pour se rendre à Québec, la contrebandière, elle, se faufilait le long des échancrures de la côte nord, ne marchant que la nuit, se cachant le jour dans les fjords ou les baies les plus inexplorées. L’attendait-on au Bic ? Elle louvoyait par le travers de la baie de Mille-Vaches ! Était-elle guettée à la Traverse de Saint-Roch ? On aurait pu la trouver mouillée tranquillement à l’abri des hauts massifs de l’île à Deux-Têtes !

Telle était une de ces courses pleines d’émotion fournies par l’Espérance, au moment où, dans la nuit du 20 juillet, nous faisons assister le lecteur à son arrivée.

Comme sa contrebande consistait presque exclusivement en boissons spiritueuses, dont les droits venaient d’être fortement augmentés, nous ne surprendrons personne en disant que, de la quille au pont, de l’étrave aux cabines de l’arrière, elle était bondée de barils et de tonneaux. Il s’exhalait de cette cargaison les odeurs les plus équivoques, les parfums les moins définis. C’étaient des effluves d’huiles, des senteurs