Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/139

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vous une entrevue dans ce lieu écarté. Les motifs qui me font agir sont tellement en dehors des raisons ordinaires, et les circonstances de l’affaire où je suis engagé tellement impérieuses, que je n’avais réellement pas le choix des moyens.

— Monsieur, répondit Laure avec dignité, vous avez mentionné dans votre lettre le nom de mon père, et ce nom seul était suffisant pour me déterminer à accepter votre proposition, si étrange qu’elle me paraisse. »

Després s’inclina à son tour ; puis, après quelques secondes de réflexion, il reprit :

« Mademoiselle, j’ai en effet à vous parler de votre père, mais j’ai surtout un immense devoir à remplir à l’égard d’une personne qui se sert du nom sans tache du colonel Privat pour arriver à ses vues criminelles. »

Laure était tout oreilles, mais elle feignit de ne pas comprendre et garda le silence.

Ce que voyant, le Roi des Étudiants se décida à entrer de suite dans le vif de la question. Il poursuivit donc, en regardant Edmond :

« Mademoiselle, les instants sont précieux, à vous comme à moi… Il se peut que cette entrevue que j’ai eu le bonheur d’obtenir soit la dernière… Souffrez donc que j’aborde immédiatement le sujet pour lequel je suis venu, et que je prie monsieur votre frère de nous laisser un moment seuls. »

Edmond, qui s’attendait à cette invitation, salua et dit :

« Je vous quitte, et, toi, ma pauvre sœur, je te supplie de te laisser convaincre et de ne pas être le forgeron de ta chaîne. »

Laure fit une inclinaison de tête et s’assit, sans prononcer une parole.