Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/191

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’en cette nuit fameuse où la riche madame Privat donnait l’hospitalité à l’élite de Québec, la température était quasi-tropicale. Et puis, la nuit avait de si alléchantes invitations, les arômes champêtres étaient si pénétrants, les rameaux feuillus murmuraient si harmonieusement, la lune déversait avec tant de libéralité les larges gerbes de sa lumière veloutée dans les allées aux bords frangés d’ombre, la brise courait si douée à travers la ramée sonore… que vraiment la tentation devenait trop forte, et que le parc recevait plus de promeneurs que le cottage de chorégraphes.

Couples amoureux de la solitude à deux ; adeptes de la "dive" et du buffet, éprouvant le besoin de se rafraîchir les tempes et les idées ; personnages de tapisserie qui vont au bal pour regarder faire les autres ; hommes d’affaires que la déesse Terpsichore ne séduit pas et qui préfèrent causer dépression commerciale ou change sterling, pendant que le commun des mortels s’amuse ; "cavaliers" et "blondes" à qui le tête-à-tête sous les arbres feuillus ne peut jamais déplaire ; fumeurs affamés, inhumainement chassés du voisinage des dames ; "beaux" en quêtes d’aventures ; enfin, rêveurs pour qui le spectacle d’une mélancolique nuit d’été l’emporte sur la vue de pauvres danseurs suant à grosses gouttes : – tout cela se croisait, défilait, caquetait dans le jardin du cottage.

Le coup d’œil était charmant.

Grâce à la discrète lumière de la lune, et surtout grâce aux reflets multicolores de plusieurs lanternes chinoises disposées avec goût de distance en distance, aux points de jonction des allées, robes blanches, manteaux rouges, chevelures dénouées –