Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/23

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— Il avait, pour une forte somme d’argent, livré au général ennemi le secret des mouvements de Beauregard et fait tomber le colonel Privat dans une embuscade où son régiment fut écharpé et lui-même blessé mortellement.

— Le misérable ! mais cette lettre de mon oncle ?

— Oh ! j’aurai beaucoup à dire sur cette lettre quand le temps sera venu. Pour le moment, qu’il me suffise d’affirmer que le colonel était à cent lieues de croire que Lapierre fût un espion au service du plus offrant. Aussi, touché des soins que lui prodiguait l’hypocrite, le chargea-t-il d’annoncer sa mort à sa femme et lui écrivit-il la lettre dont tu parles.

— Mais, c’est affreux, cela ! firent les étudiants.

— Oui, messieurs, c’est affreux – d’autant plus affreux que le colonel avait comblé ce misérable de faveurs et qu’il reposait en lui une confiance illimitée…

— Confiance que ne lui a pas retirée, malheureusement, la famille Privat, fit observer Champfort.

— Oui, mais cette sympathie qu’il a su capter fera place à la haine et au mépris, quand je l’aurai démasqué, répondit Després.

— Le pourras-tu ?… Il te fera passer pour un imposteur et te demandera des preuves… En as-tu ?

— J’en ai plus qu’il ne m’en faut pour le faire rentrer sous terre et mourir de confusion, s’il lui en reste un atome d’honneur. Laissez venir le grand jour de la rétribution, mes amis, et vous verrez comment se venge le Roi des Étudiants. Toi, Champfort, achève ton histoire.

— Je n’ai plus qu’un mot à dire. Ma tante, frappée dans ses plus chères affections, se montra