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Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/35

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tait celui de Lapierre qui l’arrachait au gouffre béant. Et Lapierre me saluait d’un geste moqueur, puis filait rapidement dans son canot, sur le fleuve tourmenté, en me jetant un éclat de rire sardonique !…

« Cette dernière image me secoua comme un cauchemar, et, plongeant énergiquement mon aviron dans l’eau, je fis voler mon canot dans la direction de la baie.

« Dans quel but ?… et pourquoi allonger ainsi ma route ?

« Je ne pouvais me l’expliquer. Je me sentais poussé invinciblement vers la petite lumière ; elle m’attirait comme un puissant aimant ; elle m’aspirait comme le terrible maëlstrom des côtes de Norvège.

« Le ciel était devenu plus sombre, et je pouvais à peine distinguer à vingt pas en avant de la pince de mon canot. Je filais toujours quand même, guidé par le foyer étincelant qui se rapprochait à vue d’œil. Comme s’il se fût agi d’une reconnaissance en pays ennemi, je plongeais en silence mon aviron dans l’eau tranquille, ne la laissant même pas toucher le rebord de l’embarcation.

« Tout à coup, une obscurité plus profonde se fit à quelques pas de moi, et mon canot s’engagea doucement dans les ajoncs, fila quelques secondes en les frôlant, puis s’arrêta.

« J’étais arrivé.

« Et par un singulier hasard, je me trouvais justement dans une petite crique du bras de rivière, ombragée de massifs très épais, et à une vingtaine de pieds tout au plus de la fenêtre illuminée, qui était celle de la chambre de Louise.