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Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/63

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aux charmes de la pittoresque Folie-Privat. Les allées bordées de verdure, les pelouses brillantes, les parterres tout constellés de fleurs ne manquaient jamais de jolies robes pour les effleurer, de petits pieds pour y sautiller et de mains chinoises pour y commettre des larcins impunis.

Bref, la Folie-Privat était devenue le rendez-vous de tout ce qu’il y avait à Québec d’élégant et de fashionable.

Rien de surprenant à cela.

Madame Privat, veuve d’un planteur de la Nouvelle-Orléans et riche à faire peur, dépensait fort largement, dans la vieille capitale canadienne, ses immenses revenues. D’habitude, la richesse suffit à tout et allonge démesurément la queue de ses connaissances. Mais soyons juste dans le cas présent, le "vil métal" n’était pas la seule raison de l’engouement général. Madame Privat, bien que mariée en Louisiane, était originaire de Québec, où sa famille avait des relations fort étendues, ce qui explique bien un peu pourquoi un si grand nombre d’amis suivaient avec empressement son char doré.

C’était une femme d’environ quarante ans, portant d’une façon très évidente les vestiges d’une opulente beauté. Blonde, blanche, rondelette, elle pouvait encore tirer l’œil à plus d’un célibataire – quand elle n’eût pas eu, pour exciter les convoitises matrimoniales, l’appât de ses superbes rentes. Son séjour à la Nouvelle-Orléans, sous le brûlant soleil du golfe mexicain, avait donné à sa peau fine et satinée cette teinte demi-dorée qui empourpre le firmament, à certains couchers du soleil. Cela ajoutait du piquant à sa mobile physionomie, en la voilant imperceptiblement,