Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/68

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

son, au moment de conduire à l’autel la fille de sa victime !…

Champfort se faisait à lui-même toutes ces réflexions et se laissait ainsi bercer par une rêverie pleine d’optimisme, lorsqu’il arriva chez sa tante.

Madame Privat était occupée pour quelques minutes, dit au jeune homme :

— Ah ! te voilà, mon cher Paul… Ce n’est pas mal à toi d’être venu, bien que ce soit sur mon invitation expresse et qu’il m’ait fallu te dépêcher une estafette pour avoir l’honneur de ta visite… car tu nous négliges, Paul : voilà bien quatre grands jours que nous ne t’avons pas vu…

— Je vous en prie, ma tante, répondit l’étudiant, n’allez pas croire au moins que ce soit par indifférence. Mes examens approchent et je n’ai vraiment pas une minute…

— À perdre, n’est-ce pas ?

— Oh ! ma tante, que dites-vous là ? Vous savez bien que je ne suis nulle part plus heureux qu’ici, dans votre famille, et que les instants que j’y passe me semblent toujours trop courts.

— Voyons, mon pauvre Paul, ne va pas prendre mes taquineries au sérieux : je suis en gaieté aujourd’hui et je lutine tout le monde.

— Vous serez toujours jeune, ma tante…

— De caractère, peut-être… mais de figure, oh ! oh !… Allons, vilain flatteur, va t’amuser au salon avec ta cousine, en m’attendant. J’ai encore quelques ordres à donner, et je vous rejoindrai dans un instant. Paul obéit et se dirigea vers le salon.

Le piano, touchée par une main exercée, résonnait par toutes ses cordes, tantôt exhalant sa colère avec d’éclatants accords, et tantôt gémissant