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Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/88

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heurs et les premières larmes dans sa famille dataient de l’apparition en Louisiane de cet étranger ; et le jeune étudiant aimait trop sa sœur, pour ne pas s’être aperçu que le retour à Québec de ce même étranger était pour beaucoup dans la mystérieuse tristesse de la pauvre Laure.

Il avait même – un certain jour qu’il surprit la jeune fille le visage baigné de larmes, dans une allée solitaire du parc – essayé de toucher ce sujet ; mais, dès les premiers mots, Laure lui avait jeté les bras autour du cou, et répondu, avec un redoublement de pleurs :

« Edmond, mon cher Edmond, je suis bien malheureuse !… Oh ! si tu savais !… Mais non… ni toi, ni ma mère, ni personne au monde ne doit savoir un si terrible secret… J’ai un grand devoir à remplir… Prie Dieu que la force ne m’abandonne pas ; et si tu m’aimes, ne parle jamais à qui que ce soit de ce que je viens de te dire – surtout à notre mère – et toi-même, ne me questionne jamais plus sur ce sujet. »

Edmond, douloureusement étonné, avait promis, en courbant la tête.

Mais, depuis cette demi-révélation, il avait sur le cœur un gros levain d’amertume contre le fiancé de sa sœur, contre l’homme qui possédait des armes si puissantes pour vaincre la résistance des jeunes filles riches, et faire tomber leur dot dans son escarcelle.

Quant à Champfort, dont nous ne voulons dire qu’un mot, on sait quelles puissantes raisons il avait de ne pas aimer son futur cousin.

Cet homme-là avait détruit à jamais ses rêves de bonheur, en lui enlevant, non seulement le cœur de Laure, mais jusqu’à son amitié, jusqu’à cette