Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/92

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mant sa colère, il répondit en s’efforçant de sourire :

« Tout doux, mon futur cousin, vous vous emportez comme un cheval de guerre qui entend le clairon. Je n’ai pas la moindre arrière-pensée malicieuse à votre endroit. Je voulais seulement dire que l’amitié qui vous unissait à mon oncle le colonel était une raison insuffisante pour que sa mort reste éternellement gravée dans votre mémoire. »

La figure de Mme Privat se rasséréna, et celle de Lapierre reprit à peu près sa placidité ordinaire. Seule, Laure demeura le sourcil froncé et son regard se tourna lentement vers son cousin, comme pour lui reprocher sa reculade.

Le fiancé de la jeune fille surprit-il ce regard et en comprit-il la signification ?

La chose est probable, car il répondit avec un peu d’amertume :

« Mon cher Champfort – il l’appelait son cher ! – et vous, mesdames, veuillez me pardonner un emportement bien légitime. Les sentiments qui m’unissaient au regretté colonel étaient d’une nature tellement affectueuse, tellement filiale, que je me révolte à l’idée seule qu’on en puisse suspecter la pureté. Il n’y a qu’un semblable sujet qui puisse me faire sortir des bornes de la politesse exquise que je vous dois.

— De grâce, monsieur Lapierre, dit Mme Privat, ne vous faites pas plus coupable que vous n’êtes. Mon neveu est un peu vif et il a pu mal choisir ses expressions ; mais son intention n’était pas blessante, je m’en porte garant… D’ailleurs, ajouta-t-elle, le sentiment qui vous a fait parler est un de