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— Et la goélette du capitaine arrivera, avec ses grandes voiles ouvertes… Et petite mère mise à bord pour retourner chez nous, dans la baie.

— « Amen » ! cher enfant, dit la jeune femme. D’ici la, je vais dormir sous ta garde.

— C’est ça, petite mère. Wapwi veillera.


CHAPITRE XIV

LE DERNIER CONCILIABULE DE GASPARD ET DE LA GRANDE-OURSE


La journée s’écoula sans accidents ni incidents, si ce n’est toutefois la musique infernale que fit la Grande-Ourse, lorsqu’elle sortit de son sommeil bachique et constata le départ de celle qu’elle était chargée de garder.

Les vociférations d’une troupe de bandits ivres, aux prises avec une escouade de carabiniers, ne sont que cantiques, comparées aux hurlements de la Grande-Ourse, après son réveil, en s’apercevant à la fois de la fuite de sa prisonnière et… du liquide de sa bouteille.

Elle vociféra une partie de la journée, heurtant du poing les parois de la grotte, la porte d’entrée sur le flanc du canal, la grande pierre ovale tournant sur une tige de fer, qui servait d’ouverture au « magasin » des contrebandiers, bref bondissant jusqu’à l’ouverture par où le tuyau traversait la voûte…

Mais tout cela en pure perte.

Les issues étaient bloquées ou inabordables.

Il fallut bien, de guerre lasse et d’épuisement, se laisser choir sur les feuilles de son grabat, boire… de l’eau et se rendormir, si possible.

Voilà, pourquoi, sans doute, vers neuf heures du soir, au moment où la grisaille de l’atmosphère se confondait avec celle du fleuve, Wapwi put constater que tout était silence et paix, dans l’obscurité du « Refugium Peccatorum. »