Page:Dick - Les pirates du golfe St-Laurent, 1906.djvu/17

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Et, ce qui semblait confirmer cette déduction, c’est que, dans un enfoncement où se projetait vaguement la lumière du falot, on distinguait une sorte d’escalier à larges marches à peine ébauchées dans le roc, aboutissant à une ouverture irrégulière, bien qu’affectant à peu près la forme d’un carré long, dont on n’apercevait que le haut.

À n’en pas douter, là devait se trouver une caverne importante, puisqu’on avait pris la peine de lui fabriquer une porte massive, faite d’une seule pierre qui tournait sur une tige centrale de fer, solidement fixée au monolithe par de forts crampons.

Le bloc en question, transformé en porte, de même que les chambranles de cette porte, étaient en pierre grisâtre, plutôt noire : du granit.

Car, — disons-le une fois pour toutes et en considérant la partie rocheuse du Mécatina en bloc, — ce qu’on peut appeler l’ossature de ce géant de pierre est formée de pans verticaux de granit noir, servant de contreforts aux masses calcaires interposées et juxtaposées.

Vus du dehors, et surtout du côté qui fait face à la terre ferme prochaine, les rochers se dressent presque à pic, surgissant du fleuve, sans accotements de sable et, dans bien des endroits, sans la plus petite corniche où l’on puisse poser le pied.

Il en résulte que l’île est inabordable le long de ces falaises et fort dangereuse pour les navires en détresse, jetés dans cette direction par la tempête.

Toutefois, à marée basse, — surtout en temps d’équinoxe où le flux et le reflux sont portés à leur extrême limite, — on peut voir çà et là, entre les rochers noirs qui servent de base au cap, des espèces d’arcades qui ressemblent à des embrasures à demi-submergées encore, mais que le flot montant ne tardera pas à recouvrir entièrement dans les premières heures de son expansion.

Ces arcades noires, entrevues dans les basses eaux, sont-elles les portes d’entrée de cavernes creusées dans le calcaire interposé des masses granitiques ?

Nous le saurons bientôt.

Disons de suite que, vues du nord et de l’est, ces hautes murailles grises, de hauteur variable et d’alignement irrégulier, rayées à intervalles presque égaux de contreforts en granit brunâ-