Page:Dick - Les pirates du golfe St-Laurent, 1906.djvu/29

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Puis, dans un soubresaut énergique, il s’arracha à cette contemplation intérieure, redescendit l’escalier des cabines, ouvrit un placard, se versa un grand verre d’eau-de-vie, alluma sa pipe et remonta sur le pont, où il s’étendit la tête appuyée sur un rouleau de câble.

Tout cela sans articuler une parole.

Cependant le copain Thomas, plus calme, faisait ses calculs, lui, sans démonstration d’aucune sorte.

Comme on avait mis quatre heures pour parcourir les trente milles séparant le Petit-Mécatina de Kécarpoui, le capitaine estimait que sa goélette serait en vue de l’île du Sable, son but visé, vers deux heures du matin, — car vingt milles seulement restaient à parcourir pour atteindre l’île du Sable, où campaient les Micmacs cette année-là.

L’île du Sable, assez vaste et bien ombragée, — par conséquent pourvue d’eau douce, — fait partie d’un archipel qui s’étend de la petite rivière St Augustin à la rivière Shécatica.

Le déplacement de ces Micmacs, mâtinés de Montagnais, n’avait donc été que de quelques milles dans l’est.

La rivière St Augustin, plus haut nommée, les séparait maintenant de leur ancien camp de l’année précédente.

En outre, comme leur nouveau lieu de villégiature est une île, naturellement un bras de mer, quoique assez étroit, les isolait de la côte.

Ces estimables aborigènes avaient-ils donc quelques peccadilles sur la conscience, pour se garer ainsi contre les surprises possibles ?…

Il y a mille contre un à parier pour l’affirmative.