Page:Dick - Les pirates du golfe St-Laurent, 1906.djvu/97

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— Que dit-elle ? continua tranquillement Thomas.

— Pas un mot ! articula sèchement Gaspard.

— Ah ! ah !… Elle n’est pas malade, au moins ?

— Oh ! que non !… Ses yeux sont comme des volcans en éruption… Gare la lave !

— Je conçois ça… On serait vexé à moins,

Et Thomas eut un petit rire qui sonnait faux.

Après quoi, il reprit de sa voix la plus tranquille :

— Elle ne sait pas encore qu’elle est ici sous la sauvegarde du chef de sa famille… Sans cela…

— Sans cela ?…

— … Il nous faudrait subir une scène un peu… Comment dit-on cela sur le plancher des vaches ?

— Peu importe : je devine le mot.

— Je parie que non : c’est « pathétique » que j’ai dans l’idée.

— Celui-là ou un autre : la scène en question se jouera assez tôt…

— Aussi ai-je résolu de lui laisser ignorer que je suis à bord et de ne me laisser voir que s’il n’y a pas moyen de faire autrement.

— Comme tu voudras, compère. Je suis de ton avis, bien que, à vrai dire, je ne vois pas comment il te sera possible de garder longtemps le rôle de capitaine invisible.

— Qui sait ?… Ne pressons rien… Il sera toujours temps… murmura le capitaine, plus perplexe qu’il ne voulait se l’avouer.

Puis, avec impatience :

— En attendant, n’oublie pas, n’oublie jamais, même pendant l’espace d’une demi-minute, les conditions formelles de notre association : respect absolu à ma sœur ; point de menaces ni de promesses trompeuses ; aucun piège de ton imagination diabolique, — où je ramène chez nous la femme du capitaine et je te fais pendre à Saint-Pierre, par-dessus le marché. Est-ce compris ?