temps et répondit :
— Mon cher oncle, vous me prenez au dépourvu. Je ne m’attendais pas, ayant laissé, il y a à peine un mois les harnais du collège, à m’atteler sitôt au char de la patrie. Je sais, sans doute, que je ne dois pas rester oisif et qu’il me faudra bientôt me remettre à l’œuvre, pour travailler, dans la mesure de mes forces, à l’avancement de ma renommée et à celui de l’état… Mais aussi, par Horatius Coclès ! il ne faut pas que l’esprit de l’homme soit toujours tendu ; comme le corps, il a besoin de repos, après le travail. Cette sage maxime : après le travail le repos, a été comprise de tous les peuples, comme de tous les individus. Elle est aussi vieille que le monde, puisque c’est Dieu lui-même qui, le premier, l’a mise en pratique, après avoir créé et lancé dans l’infini les globes innombrables qui s’y meuvent, il prit un jour entier pour se reposer…
Vous savez, mon oncle, que je suis un partisan enragé des principes. Je n’ai pas plus voulu transiger avec celui-ci qu’avec les autres ; et voilà pourquoi j’ai pris tout un mois pour me reposer des fatigues de mes études. C’est peu, comme vous voyez, mais c’est égal : je sauve le principe !
Le vieil oncle — qui était, par-dessus tout, aristocrate, routinier et ennemi des innovations de la société moderne — ne put s’empêcher de se pâmer d’aise, sous cape, en entendant son neveu