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VI


Il se fit un silence.

Chacun repassait dans sa mémoire les moindres détails de cet affreux récit et voyait en imagination le terrible tableau que notre héros venait de badigeonner si prestement.

— Ma foi, mon cher Labrosse, dit enfin un étudiant gascon — l’incrédule dont nous parlions tantôt — il faut avouer que vous vivez dans un singulier pays…

— C’est vrai, monsieur Verlac mais…

— Et que vous êtes régis, cadédis ! par un singulier gouvernement.

— Comment l’entendez-vous ?

— Eh ! sangdiou ! vit-on jamais pareille chose ?… une contrée où les gens sont égorgés, massacrés, torturés, mangés même aux portes de la capitale ?

— Que voulez-vous ! c’est dans les mœurs américaines. La vie d’un homme n’est rien dans ces vastes régions où la mort plane en permanence, où le danger se cache derrière chaque touffe d’herbe, chaque rocher fait trébucher sa victime à chaque pas qu’elle hasarde.

— Par le sang de mes pères ! je voudrais bien qu’il y eut des Sauvages en Gascogne : nous les exterminerions tous comme des lapins et nous en ferions de l’engrais pour nos champs.

— Ah ! attendez, mon ami. N’allez pas croire que nous nous laissons bénévolement inonder par ces brigands de Peaux-Rouge sans régimber un peu. Bien au