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Page:Dick - Une horrible aventure, 1875.djvu/74

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Très-jeunes pour la plupart ; n’ayant qu’une connaissance fort nuageuse des mœurs et de la civilisation américaines ; portés naturellement au merveilleux par leur imagination ardente et la chaleur de leurs juvéniles aspirations ; trop occupés, d’ailleurs, de leurs études et de leurs plaisirs pour contrôler les narrations de leur cousin d’Amérique — comme ils appelaient Georges — les malheureux avalaient tout, sans trop faire de grimaces.

De Lalande seul aurait pu les éclairer et leur faire comprendre que Georges s’amusait d’eux ; mais de Lalande était absent depuis plus d’une semaine, appelé en toute hâte dans son pays — la Bretagne — par une grave maladie de son père. Il venait d’écrire qu’il ne serait probablement pas de retour avant un mois.

Notre héros avait donc beau jeu. Aussi en profitait-il outrageusement et les histoires les plus fantastiques, les plus terrifiantes se succédaient-elles sans interruption.

Le digne homme avait décidément la bosse de l’exagération et réussissait, au-delà de ses espérances, à tenir son petit cercle d’auditeurs dans un état permanent de salutaire anxiété. On le choyait comme un troubadour du moyen-âge, et on avait pour lui ce respect instinctif que commande tout homme qui a vu beaucoup de choses, et surtout des choses comme on n’en voit plus.

C’était à qui le promènerait dans Paris, le conduirait au théâtre, lui ferait visiter les ravissantes villas des environs de la capitale.