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BARNABÉ RUDGE

nuit pour veiller, moi et ma maîtresse. Oh ! elle a été si mal ! »

Miggs dit cela d’un air de candeur et de sollicitude peu commun ; mais la porte de la salle à manger était toute grande ouverte, et Gabriel, sachant parfaitement pour qui c’était dit, lui jeta en passant un regard qui n’était rien moins que satisfait.

« C’est monsieur qui rentre, mame, cria Miggs, courant devant lui dans la salle à manger. C’est vous qui aviez tort, mame, et c’est moi qui avais raison. Je pensais bien qu’il ne nous ferait pas veiller si tard, deux nuits de suite. Ce n’est pas monsieur qui ferait ça. J’en suis contente, mame, à cause de vous. Je suis un peu…ici Miggs pleurnicha… un peu tourmentée par le sommeil moi-même ; je l’avoue maintenant, mame, quoique je n’aie pas voulu en convenir quand vous me l’avez demandé. Mais ça ne fait rien, mame, naturellement.

— Vous auriez mieux fait, dit le serrurier, qui aurait bien voulu que le corbeau de Barnabé fût là pour mordre Miggs à la cheville, vous auriez mieux fait alors d’aller vous coucher tout de suite.

— Je vous remercie, monsieur, de tout mon cœur, répliqua Miggs. Je n’aurais pu reposer en paix, ni fixer mes pensées sur mes prières, sans la certitude que madame était confortablement dans son lit ; et, franchement, il y a déjà bien des heures qu’elle devrait y être.

— Vous jasez beaucoup, mademoiselle, dit Varden en ôtant son pardessus et la regardant de travers.

— Je vous comprends, monsieur, cria Miggs la rougeur au front, et je vous remercie de tout mon cœur ; j’oserai dire que, si je vous offense par mes égards pour ma maîtresse, je ne vous en dois point d’excuses, trop heureuse de m’attirer ainsi des tribulations et des peines. »

Ici Mme Varden, qui, la tête ensevelie dans un grand bonnet de nuit, avait été, pendant tout ce temps, absorbée par le Manuel protestant, regarda autour d’elle, et, pour reconnaître les exploits de Miggs son champion, lui commanda de se taire.

Chacun des petits os que Miggs pouvait avoir au cou et à