Page:Dickens - Barnabé Rudge, tome 2, Hachette, 1911.djvu/157

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droit vers une lumière lointaine qui lui servait à se guider, ainsi que les dernières et sombres lueurs de l’incendie par derrière.

À mesure qu’il approchait du fanal vacillant vers lequel il dirigeait sa course, il commença à voir apparaître la flamme rougeâtre de quelques torches, et à entendre des hommes dont la voix contenue rompait le silence de la nuit, troublé seulement à présent par quelques cris rares et lointains. Il finit par sortir du bois, et, sautant un fossé, il se trouva dans un sentier obscur où un groupe de bandits d’assez mauvaise mine, qu’il avait laissés là un quart d’heure auparavant, attendaient son retour avec impatience.

Ils étaient réunis autour d’une vieille chaise de poste, menée par l’un d’eux assis en postillon sur le porteur. Les stores étaient baissés, et les deux fenêtres gardées par M. Tappertit et Dennis. C’est le premier qui commandait la troupe, et qui, en cette qualité, adressa la parole à Hugh quand il le vit revenir. Pendant le dialogue, les autres, qui s’étaient couchés par terre, en attendant, autour de la voiture, se levèrent et se rangèrent près de lui.

« Eh bien ! dit Simon à voix basse, tout va-t-il bien ?

— Pas mal, répliqua Hugh sur le même ton. Les voilà qui s’en vont ; ils étaient déjà en train de se disperser quand je les ai quittés pour venir.

— Et la route est-elle sûre ?

— Oh ! pour les camarades, je vous en réponds. Ils ne rencontreront pas beaucoup de gens disposés à venir leur chanter pouille, après la besogne qu’on sait qu’ils viennent de faire ce soir…. Quelqu’un a-t-il quelque chose à me donner à boire ici ? »

Chacun d’eux avait fait sa provision dans les caves, et on lui offrit aussitôt une demi-douzaine de flacons et de bouteilles. Il choisit la plus grande, la mit à sa bouche, et fit dégringoler le vin gargouillant dans sa gorge. Quand il l’eut vidée, il la jeta par terre, et tendit la main pour en prendre une autre qu’il vida d’un trait comme la première. On lui en passa une troisième qu’il ne vida qu’à moitié, réservant le reste pour le coup de l’étrier.

« Ah çà ! demanda-t-il, vous autres, n’avez-vous pas quelque chose à me donner à manger ? J’ai une faim de