Page:Dickens - Bleak-House, tome 2.djvu/186

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— Que j’sois pendu si j’la dis pas ; j’ai jamais rin fait d’abord que tout c’que j’vous ai dit ; et jamais auparavant j’avais été en peine, excepté que j’ai jamais rin su faire, et qu’j’avais trop grand’faim.

— Je le crois, Jo ; mais écoutez M. Georges qui voudrait vous parler.

— Je voulais seulement lui montrer l’endroit où il couchera, dit celui-ci en conduisant Jo à l’autre bout de la salle, et en ouvrant la porte du petit cabinet. Il y a un matelas, comme vous voyez, continue le maître d’armes ; vous pourrez être tranquille et rester là tant que M. Woodcourt le jugera convenable ; n’ayez pas peur des coups de pistolet que vous entendrez ; c’est la cible qu’on vise et non pas vous, mon garçon. Mais il y a autre chose que je voudrais vous soumettre, dit M. Georges en s’adressant au docteur ; Phil, viens ici : voilà un homme qui, dans son enfance, a été trouvé dans un ruisseau. Il doit conséquemment s’intéresser à ce malheureux ; n’est-ce pas, Phil ?

— Assurément, gouv’neur.

— Voilà donc ce que je propose, dit M. Georges avec une sorte d’assurance martiale, comme s’il avait donné son opinion devant un conseil de guerre, je propose que Phil emmène ce jeune homme au bain et lui achète divers objets indispensables.

— J’allais précisément vous le demander, » répond le docteur en prenant sa bourse.

Phil Squod et Jo vont immédiatement accomplir cette œuvre nécessaire, et miss Flite, enchantée du résultat de sa démarche, demande la permission de se rendre à la Cour, dans la crainte que son ami le grand chancelier ne soit inquiet de ne pas la voir, ou qu’il ne vienne par hasard à prononcer en son absence le jugement qu’elle espère. « Vous comprenez, général, et vous, mon cher docteur, que ce serait ridiculement malheureux après tant d’années d’attente. »

M. Woodcourt sort avec elle pour aller chercher quelques cordiaux qu’il fait préparer devant lui, et revient bientôt à la galerie où il retrouve M. Georges se promenant de long en large.

« Il m’a semblé comprendre, lui dit le maître d’armes, que vous connaissiez beaucoup miss Summerson.

— Oui, monsieur.

— Vous êtes peut-être son parent ?

— Non.

— Pardonnez-moi, monsieur, mon indiscrétion apparente ; mais j’ai pensé que l’intérêt que vous portez à cet infortuné pro-