Page:Dickens - Bleak-House, tome 2.djvu/291

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« Dans ce cas, miss Summerson, hâtons-nous d’aller au cottage de ce briquetier, reprit M. Bucket ; c’est à vous que je laisse le soin de questionner les gens que nous y trouverons ; faites-le tout simplement ; plus vous serez naturelle, plus nous aurons de chance de découvrir la vérité. »

Le cottage était fermé, personne n’y demeurait plus ; une voisine, accourue au bruit que nous faisions en frappant à la porte, nous dit que les deux femmes que je connaissais habitaient à présent une autre maison située près des fours, à côté du séchoir ; nous y allâmes aussitôt ; la porte était entr’ouverte, je la poussai, et nous entrâmes.

Jenny était absente ; l’enfant de son amie était couché et dormait dans un coin ; sa mère et les deux briquetiers déjeunaient. Liz se leva dès qu’elle m’eut aperçue, et les deux hommes, silencieux et maussades comme à l’ordinaire, me saluèrent d’un signe de tête ; ils échangèrent un coup d’œil en voyant entrer M. Bucket, et je fus étonnée de voir que Liz connaissait l’officier de police. Elle me présenta sa chaise ; mais j’allai m’asseoir sur un escabeau qui se trouvait auprès du feu, et M. Bucket s’installa sur le bout de la couchette. Maintenant qu’il me fallait parler et que je me trouvais avec des gens qui m’étaient peu familiers, je me sentis prise de vertige, et je ne pus retenir mes larmes.

« J’ai voyagé toute la nuit par le froid et la neige, dis-je à la pauvre Liz ; nous cherchons une dame…

— Qui est venue ici, interrompit M. Bucket en s’adressant aux deux hommes aussi bien qu’à la femme ; une lady qui est venue cette nuit dans cette maison, vous savez ce que je veux dire ?

— Qui vous a dit ça, que quelqu’un était venu ici ? demanda le mari de Jenny d’un air rogue et en toisant l’officier de police du regard.

— Un appelé Jackson, qui porte un gilet de velours bleu à boutons de nacre de perle, répondit M. Bucket.

— Y ferait mieux d’ s’occuper d’ses affaires que d’ se mêler de c’qui n’le regarde pas, grommela le briquetier entre ses dents.

— Il est sans place et n’a, je crois, pour le moment rien de mieux à faire que d’écouter ce que disent les autres, » répliqua l’officier de police pour excuser Jackson.

Liz était restée debout et me regardait avec hésitation ; elle avait certainement quelque chose à dire, et m’aurait parlé si elle l’avait osé, lorsque son mari, frappant violemment sur la