Page:Dickens - Bleak-House, tome 2.djvu/293

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resté plus d’une heure ; après quoi elle s’est levée pour partir, il pouvait être onze heures vingt minutes ; peut-être ben davantage ; nous n’avons pas de mont’ ni d’horloge pour savoir l’heure au juste. Quant à vous dire où c’ qu’elle a pu aller, ma foi ! j’ n’en savons rin. Elle est partie comme Jenny, l’une allait à Londres et l’autre en arrivait. C’est tout c’ que peux vous dire ; demandez plutôt à c’t homme ; i’ vous l’ dira comme moi.

— Est-ce que cette dame pleurait ? dis-je au briquetier.

— Diablement, répondit-il. Ses souliers et ses habits, c’est là c’ qui avait d’ pire ; quant au reste, elle n’était pas trop mal, à c’ qui m’a semblé voir. »

Liz avait les bras croisés et ne levait pas les yeux ; son mari avait tourné sa chaise en face d’elle, et posé sa large main sur la table, comme pour se tenir prêt à exécuter sa menace si elle venait à lui désobéir.

« J’espère, lui demandai-je, que vous permettrez à votre femme de répondre à cette question, et de me dire comment allait cette dame.

— Vous l’entendez, cria-t-il en s’adressant à Liz ; répondez vite, et qu’ ça finisse.

— Pas bien, répliqua la femme ; elle était pâle, exténuée, toute malade.

— A-t-elle parlé ?

— Pas beaucoup, elle avait la voix enrouée. »

La pauvre femme regardait, à chaque fois, son mari comme pour lui demander la permission de répondre.

« A-t-elle pris quelque chose ?

— Un peu d’eau seulement ; Jenny lui a donné du pain et du thé ; mais c’est à peine si elle y a touché des lèvres.

— Et lorsqu’elle est partie ?…

— Elle est allée drêt vers le nord, interrompit le mari de Jenny d’un air impatienté ; elle a pris la grand’route, demandez-le aux autres si vous n’ me croyez pas ; et maintenant tout est dit ; j’ n’en savons pas pus qu’ ça. »

Je regardai M. Bucket, et voyant qu’il était prêt à partir, je me disposai à le suivre, et pris congé des deux hommes après avoir remercié Liz.

« Milady leur a laissé sa montre, me dit l’officier de police quand nous fûmes sortis du cottage.

— L’avez-vous vue ? m’écriai-je.

— Non ; mais c’est tout comme. Le briquetier n’a-t-il pas parlé de vingt minutes, et ne s’est-il pas cru obligé de dire qu’il n’avait ni montre ni horloge ? Ils n’ont pas l’habitude de