et nauséabonde, qui leur inspire une répugnance instinctive et les fait frissonner.
« Qu’est-ce que vous avez répandu ? Qu’est-ce que vous avez jeté par la fenêtre ? s’écrie William.
— Je n’ai jamais rien jeté par la fenêtre depuis que je suis ici, répond Tony.
— Cependant voyez ! » poursuit l’autre en apportant la chandelle.
L’odieux liquide tombe lentement goutte à goutte du coin du mur, rampe le long des briques et forme sur l’allége une mare de graisse fétide.
« Quelle horrible maison ! dit M. Guppy en fermant la fenêtre. Donnez-moi de l’eau, que je me lave les mains. »
Il les frotte, les gratte, les racle, les flaire, les refrotte et les relave, tant et tant, qu’il vient à peine de finir le verre d’eau-de-vie dont il s’est restauré, quand minuit sonne enfin à l’horloge de Saint-Paul, et, du haut des vieilles tours, vibre dans les ténèbres et se répète sur tous les tons.
« C’est l’heure fixée, dit M. Weevle quand le dernier coup s’est fait entendre. Dois-je y aller, William ? »
M. Guppy lui fait signe que oui et lui souhaite bonne chance.
M. Weevle descend ; M. Guppy s’installe auprès du feu, dans la pensée d’une longue attente ; mais il ne s’est pas écoulé deux minutes que l’escalier craque sous les pas de Tony, qui rentre précipitamment.
« Vous les avez ? dit William.
— Ah bien oui ! je n’ai seulement pas vu Krook. »
La frayeur qu’il témoigne est si vive, que son ami s’élance vers lui en s’écriant : « Mais qu’y a-t-il ?
— N’obtenant pas de réponse, j’ai ouvert doucement la porte… C’est de là que vient cette affreuse odeur, la suie, la graisse… Quant à lui,… je ne l’ai seulement pas vu, » ajoute Tony avec un gémissement.
William prend la chandelle ; nos deux amis, plus morts que vifs, descendent l’escalier en se tenant par la main et ouvrent la porte de l’arrière-boutique. Le chat s’est réfugié dans un coin, et, le poil hérissé, montre les dents à quelque chose qui est par terre, devant la cheminée. Il n’y a presque plus de feu dans la grille ; mais une vapeur suffocante emplit la chambre, et le plafond et les murs sont revêtus d’un enduit visqueux et noirâtre. Les chaises, la table et la bouteille, qu’on y voit presque tou-