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arriverait pas. J’ai déjà été chargé de plusieurs négociations avec ce gentleman pour le baronnet sir Leicester Dedlock, monsieur Jarndyce ; et, d’une manière ou de l’autre, je suis allé le trouver plusieurs fois ; j’ai souvent fréquenté les lieux qu’il habite, à savoir la maison occupée jadis par Krook, le marchand de guenilles et d’objets maritimes que vous avez connu, si je ne me trompe.

— Oui, monsieur, dit mon tuteur.

— Il faut vous dire, reprit l’officier de police, que ce gentleman a hérité de la propriété du vieux Krook, un fameux Capharnaüm, je vous assure ; et, entre autres choses, d’une immense quantité de vieux papiers hors d’usage qui ne peuvent servir à personne. »

L’œil plein de finesse de M. Bucket, et la supériorité avec laquelle, sans dire un mot, sans faire un geste que pût contester son auditeur, il sut nous faire comprendre ce dont il s’agissait, nous enleva tout le mérite de deviner qu’il préludait à quelque arrangement relatif aux papiers que possédait M. Smallweed, et qu’il aurait pu nous en dire beaucoup plus long sur ce vieillard, s’il l’eût jugé convenable.

« Dès qu’il fut mis en possession de l’héritage, reprit M. Bucket, ce gentleman commença naturellement à fouiller parmi tous ces monceaux de vieux papiers.

— À quoi faire ? cria d’une voix aiguë M. Smallweed qui était aussi sourd que soupçonneux.

— À fouiller, répéta M. Bucket. N’êtes-vous pas un homme prudent par nature, accoutumé aux affaires, et n’avez-vous pas cherché à débrouiller immédiatement tous les papiers qui vous étaient échus ?

— Certainement, répondit M. Smallweed.

— Certainement, répliqua M. Bucket, et vous auriez été blâmable si vous ne l’aviez pas fait. C’est ainsi que vous avez trouvé (M. Bucket se baissa en regardant M. Smallweed d’un air de gaieté railleuse que celui-ci ne partageait aucunement), que vous avez eu la chance de trouver un papier portant la signature Jarndyce ; vous savez ce que je veux dire, n’est-ce pas ? »

M. Smallweed nous jeta un regard troublé et fit un signe affirmatif de l’air le plus maussade.

« Et lorsque vous avez lu cette pièce, dans vos moments de loisir et à votre aise, car vous n’étiez pas curieux d’en savoir le contenu, n’est-ce pas ? cela vous était bien égal, qu’avez-vous découvert ? que ce papier sans valeur n’était autre chose qu’un testament ; c’est là le plus joli de l’affaire, » ajouta M. Bucket