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rouge et fer noir ; odeur et saveur de fer ; bruits stridents et bruits sourds ; une Babel de bruits de fer.

« C’est à y gagner le mal de tête, dit l’ancien troupier en cherchant le bureau des yeux. Qui vient là ? tout à fait mon portrait quand j’étais à son âge ; cela doit être mon neveu, s’il est vrai que la ressemblance soit une preuve de famille. Votre serviteur, monsieur.

— Le vôtre, monsieur. Demandez-vous quelqu’un ?

— Pardon ; mais vous êtes probablement monsieur Rouncewell le jeune ?

— Oui, monsieur.

— C’est à monsieur votre père que je désirerais parler ; j’aurais un mot à lui dire. »

Le jeune-homme répond que le moment est bien choisi, car son père est précisément à l’usine ; et il dit à l’étranger de le suivre. « Tout à fait mon portrait, à son âge ; tout à fait ! » pense le troupier en suivant le jeune Rouncewell. Ils arrivent à un bâtiment situé dans une cour ; le bureau est au premier ; à la vue du gentleman qui s’y trouve, l’ancien troupier rougit excessivement.

« Quel nom dirai-je à mon père ? » demande le jeune homme.

M. Georges, dont le fer occupe entièrement l’esprit, et que cette question a pris au dépourvu, répond qu’il se nomme Steel[1], nom sous lequel il est immédiatement présenté. Le jeune homme se retire, et M. Georges reste seul avec le gentleman qui est assis à sa table, ayant devant lui des livres de comptes et diverses feuilles de papier couvertes de chiffres et de figures bizarres. La pièce où il se trouve est nue, sans rideaux aux fenêtres, et n’a d’autre perspective que le fer dont nous avons parlé ; sur la table se trouvent pêle-mêle des échantillons de métal et différentes pièces de machines brisées à dessein pour en essayer la résistance ; partout une poussière de fer qui couvre chaque objet ; à travers les vitres on voit la fumée tourbillonner en sortant des hautes cheminées et mêler leurs colonnes noirâtres à la Babylone vaporeuse qui surmonte la ville bruyante.

« Je suis à vos ordres, monsieur Steel, dit M. Rouncewell dès que son visiteur eut pris une chaise.

— Monsieur, répond Georges, se penchant en avant, le bras gauche sur son genou et le chapeau à la main, cherchant surtout à éviter le regard de son frère, je crains que ma visite, loin

  1. Acier.