Page:Dickens - Bleak-House, tome 2.djvu/39

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— Moi, Tony, répond William d’une voix flatteuse, je ne puis pas aller occuper là maintenant un logement que vous avez loué pour vous, et où l’on ne m’a jamais vu résider.

— Vous y serez le bienvenu, répond M. Weevle. Bonté divine ! certainement vous pouvez le prendre et vous y installer comme chez vous.

— Ainsi, dit William, vous renoncez à tout, si je vous ai bien compris ?

— Vous l’avez dit : je renonce à tout, » répète M. Weevle avec une fermeté inébranlable.

Pendant qu’ils s’entretiennent de la sorte, un fiacre apparaît dans le square ; sur le siége est un énorme chapeau qui attire les yeux du public. À l’intérieur, et, par conséquent beaucoup moins visibles pour la multitude, mais suffisamment reconnaissables pour nos deux amis, car la voiture s’arrête précisément à côté d’eux, se trouvent le vénérable M. Smallweed et sa femme, accompagnés de Judy ; toute la famille a un certain air d’animation qui perce dans ses moindres gestes ; et lorsque le grand chapeau qui surmonte M. Smallweed junior, quitte le siége de la voiture, le vieux Smallweed jette la tête hors de la portière en criant à M. Guppy : « Comment vous portez-vous, monsieur, comment vous portez-vous ?

— Qu’est-ce que Small vient faire ici avec toute sa famille ? je voudrais bien le savoir, dit William en faisant un signe de protection à son familier.

— Mon cher monsieur, continue le grand-père Smallweed, auriez-vous l’extrême obligeance, vous et votre ami, de me porter à la taverne de Cook’s-Court, pendant que Bart et sa sœur porteront leur grand’mère ? Voulez-vous, mon cher monsieur rendre ce service à un vieillard ?

— À la taverne de Cook’s-Court ! répète M. Guppy en interrogeant du regard M. Weevle ; et tous deux s’apprêtent à porter ce fardeau vénérable aux Armes d’Apollon.

— Voilà ce qui vous est dû, cocher, dit le patriarche en faisant une affreuse grimace et en montrant le poing au brave homme ; demandez voire un penny de plus, et je vous attaque en justice ! Mes bons jeunes gens, prenez bien garde, allez doucement, s’il vous plaît ; permettez-moi de vous prendre par le cou, je ferai tout mon possible pour ne pas trop vous serrer. Miséricorde ! oh ! mon Dieu !… mes pauvres os ! »

Il est heureux que la taverne de la cour ne soit point éloignée, car M. Weevle n’a pas fait la moitié du chemin, que sa figure présente un aspect apoplectique ; il accomplit néanmoins sa tâche