Page:Dickens - Bleak-House, tome 2.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

reçu la commande d’un cercueil de six pieds, la sollicitude générale est délivrée d’un grand poids, et le fait est considéré par tout le monde comme des plus honorables pour M. Smallweed.

En dehors de la cour, l’agitation n’est pas moins grande ; des savants, des médecins et des philosophes viennent en foule visiter l’endroit où l’événement a eu lieu ; et les échos du voisinage entendent ce jour-là plus de discussions profondes sur l’inflammabilité des gaz et sur l’hydrogène phosphoré, que depuis que la cour existe. Quelques-unes de ces autorités (notamment les plus savantes) soutiennent avec indignation que le défunt devait choisir un autre genre de mort ; et, malgré l’objection d’autorités adverses, qui rappellent à leur mémoire un livre anglais fort connu sur la médecine légale, certaine enquête relative à des cas de même nature, consignée au sixième volume des Travaux philosophiques, et la mort de la comtesse Cornélia Bandi, rapportée dans ses moindres détails par un nommé Bianchini, prébendier de Vérone, auteur d’un livre estimé et qui passait dans son temps pour un homme éclairé ; malgré l’opinion de MM. Mère et Fodéré, deux Français qui se sont mêlés d’approfondir ce mystérieux sujet ; malgré le témoignage de leur compatriote, M. Lecat, chirurgien célèbre, qui eut l’impertinence d’habiter une maison où pareil fait se présenta, pour en rendre un compte plus authentique, ces illustres docteurs n’en persistent pas moins à regarder l’entêtement que M. Krook a mis à quitter ce monde par ce chemin peu fréquenté, comme un tort personnel complétement injustifiable.

La cour attentive est d’autant plus enchantée qu’elle comprend moins ces théories savantes, et le plaisir qu’elle y trouve est une nouvelle source de gain pour les Armes d’Apollon.

Bientôt paraît le dessinateur d’un journal pittoresque, avec le premier plan tout prêt et les figures qui se retrouvent dans l’illustration de n’importe quel événement, depuis un naufrage sur les côtes de Cornouailles jusqu’à une promenade dans Hyde Park ou un meeting à Manchester. L’artiste s’établit dans la chambre de mistress Perkins ; et de la fenêtre de cette chambre, désormais célèbre, reproduit sur le bois la maison de l’ex-marchand de guenilles qui prend sous le burin des proportions monumentales ; l’arrière-boutique où l’on introduit ce gentleman grandit, à son tour, dans une telle mesure, que dans la gravure elle n’a pas moins d’un kilomètre de long sur cinquante mètres de haut, ce dont les habitants de la cour éprouvent une satisfaction particulière. Pendant tout ce temps-là, nos deux chroniqueurs officiels vont de maison en maison, se rendent