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Page:Dickens - Bleak-House, tome premier.pdf/315

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quelle il releva sa future belle-fille et tendit la main à son fils, qui s’empressa de la baiser avec autant d’affection que de respect et de gratitude.

«  Mes enfants, continua-t-il en mettant la main droite sur la hanche, et en passant paternellement son bras gauche autour de la taille de Caroline, qu’il fit asseoir à côté de lui, mon fils et ma fille, votre bonheur sera mon unique souci ; je veillerai sur vous ; je ne vous quitterai jamais ; vous vivrez avec moi (voulant dire : je vivrai avec vous). Cette maison sera désormais la vôtre ; et puissions-nous la partager longtemps ! »

Heureux effet d’une tournure élégante ! Elle eut sur les deux fiancés une influence si puissante, qu’ils restèrent accablés sous le poids de leur gratitude, comme si, au lieu de se mettre à leur crochet pour le reste de ses jours, le vieux gentleman avait au contraire fait les plus grands sacrifices en leur faveur.

«  Quant à moi, mes enfants, poursuivit-il, je suis arrivé à l’arrière-saison où les feuilles commencent à jaunir ; et il est impossible de prévoir combien de temps les dernières traces de la suprême élégance et de la distinction des manières se maintiendront chez un être parvenu à cet âge où l’on décline. Mais aussi longtemps qu’elles me resteront fidèles, je remplirai mes devoirs envers la société, et je me montrerai comme à l’ordinaire aux endroits les plus fréquentés de la ville ; mes besoins sont aussi simples qu’ils sont peu nombreux. Mon petit appartement tel que le voici, les quelques objets indispensables à ma toilette, mon déjeuner frugal et mon dîner, voilà tout ; je m’en rapporte à votre affection, à votre cœur si profondément pénétré de ses devoirs pour qu’il soit pourvu à ces quelques besoins : je me charge du reste. »

Les deux amants furent subjugués de nouveau par tant de générosité.

«  Quant aux avantages dont vous êtes dépourvu, mon fils, continua le gentleman, quant au maintien et à la distinction des manières, don précieux qu’un homme reçoit de la nature, que l’on peut développer en les cultivant, mais qu’on ne saurait faire naître où ils n’existent pas, comptez sur moi, mon fils ; je suis resté fidèle à mon poste depuis le temps où vivait Son Altesse Royale le prince régent, soyez sûr que je ne le déserterai jamais. Et vous Prince, dont la nature est si différente de la mienne (tous les hommes ne peuvent pas se ressembler, et il serait malheureux qu’il en fût autrement), travaillez, soyez actif, laborieux, gagnez de l’argent, et multipliez vos relations afin d’augmenter vos élèves.