— C’est un présent que vous fait M. Jarndyce. »
Je pris un siége et passai mon bras autour du cou de Charley.
« Si vous saviez, miss ! dit-elle en frappant dans ses mains tandis que les larmes coulaient sur ses joues à fossettes ; oui, miss ! Tom est à l’école où il apprend si bien ! la petite Emma est chez mistress Blinder qui a tant de bontés pour elle ! et moi, je serais ici depuis longtemps, si M. Jarndyce n’avait pas dit comme ça, qu’il fallait nous habituer peu à peu à n’être plus ensemble, parce qu’ils sont si petits, voyez-vous, Emma et Tom ! il ne faut pas pleurer, miss.
— Je ne peux pas m’en empêcher.
— Ni moi non plus, miss, reprit Charley ; M. Jarndyce, qui me met à votre service, pense que vous voudrez bien m’enseigner tout ce qu’il faudra que j’apprenne, et il a dit que je verrais mon petit frère et ma petite sœur une fois par mois ; et je suis si heureuse et si reconnaissante, miss ! que je ferai tous mes efforts pour être une bonne femme de chambre.
— Oh ! Charley, n’oubliez jamais tant de bonté.
— Non, miss, jamais ; ni Tom non plus, ni Emma ; c’est vous, miss, qui avez fait tout ça.
— Je ne le savais même pas ; c’est à M. Jarndyce et à lui seul que vous devez tout, Charley.
— Oui ; mais c’est à cause de vous et pour que vous soyez ma maîtresse ; et moi et Tom, soyez-en sûre, nous nous en souviendrons. »
Charley entra immédiatement en fonctions, allant et venant dans la chambre comme une petite femme, pliant soigneusement tout ce qu’elle trouvait sous sa main ; puis se glissant auprès de moi :
« Oh ! ne pleurez pas, miss, je vous en prie, dit-elle.
— Je ne peux pas m’en empêcher, lui répondis-je encore.
— Ni moi non plus, » répéta de nouveau Charley. Après tout, c’était de joie que nous pleurions toutes les deux.
CHAPITRE XXIV.
Un cas d’appel.
Richard communiqua l’état de son esprit à mon tuteur, peu de temps après l’entretien que nous avions eu ensemble.