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Page:Dickens - Bleak-House, tome premier.pdf/360

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CHAPITRE XXVII.

Encore un vieux soldat.

M. Georges n’a pas longtemps à rester assis, les bras croisés, sur le siége de la voiture, car Lincoln’s-Inn Fields est leur destination.

« Est-ce M. Tulkinghorn, votre fameux procureur ? demande le maître d’armes.

— Oui, mon cher ami ; le connaîtriez-vous, par hasard ?

— J’ai entendu parler de lui, je crois même l’avoir vu ; mais je ne le connais pas. »

Le transport de M. Smallweed s’effectue à merveille avec l’aide de M. Georges ; l’avare est introduit sur sa chaise dans le cabinet du procureur, et déposé devant le feu sur le tapis de Turquie. M. Tulkinghorn est absent, mais va rentrer tout de suite ; l’homme entre deux âges qui remplit les fonctions de clerc et d’huissier les en prévient, attise le feu et retourne à son banc, situé dans l’antichambre, laissant le triumvirat se chauffer tout à son aise.

L’intérieur de ce cabinet excite puissamment la curiosité de M. Georges ; il regarde le plafond, les vieux livres ; contemple les portraits des grands personnages que l’avoué a pour clients ; et lit tout haut les noms qui sont gravés sur les boîtes.

« Sir Leicester Dedlock, baronnet, lit M. Georges d’un air pensif. Manoir de Chesney-Wold ! Hum ! » L’ancien soldat regarde longtemps ces boîtes et revient auprès du feu en répétant : « Sir Leicester Dedlock, baronnet, manoir de Chesney-Wold ! »

— Un vrai Mondor, monsieur Georges, lui dit tout bas M. Smallweed en se frictionnant les jambes. Il est puissamment riche !

— Qui ça ! l’avoué ou le baronnet ?

— L’avoué, l’avoué.

— Je l’ai entendu dire et je sais plusieurs choses qui me porteraient à le croire. La place a l’air d’ailleurs d’être assez bien ravitaillée, dit-il en regardant autour de lui ; voyez-vous là-bas ce coffre-fort ? »

L’arrivée de M. Tulkinghorn met fin à cette conversation ; le procureur est toujours le même : vêtu de noir mat, ayant à la