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confusion des rangs, du craquement de l’édifice social, affreux désastres dus au fils de mistress Rouncewell ; pas un dans le nombre qui, après l’avoir entendu, ne s’indigne et n’attribue tous ces dangers à la faiblesse que sir William Buffy a montrée dans les affaires, et ne sente plus que jamais le besoin d’avoir une place importante, une pension, quelque chose enfin qui les fasse mordre au budget ! Quant à Volumnia, conduite jusqu’au bas du grand escalier par sir Leicester qui lui donne la main, elle déploie à parler du maître de forges autant d’éloquence et d’ardeur que s’il s’agissait d’une révolution générale dans le nord de l’Angleterre pour la conquête de son pot de rouge et de son collier de grosses perles. Et au milieu d’un fracas de valets et de femmes de chambre, car c’est l’une des exigences de leur noble parenté, que quelle que soit la difficulté qu’ils éprouvent à s’entretenir personnellement, il faut qu’ils entretiennent femmes de chambre et valets, tous les cousins se dispersent aux quatre vents du ciel ; et la bise qui souffle par ce jour d’hiver, fait tourbillonner la dépouille des arbres qui avoisinent le château déserté, comme si tous les cousins s’étaient métamorphosés en feuilles mortes.


CHAPITRE XXIX.

Le jeune M. Guppy.

Chesney-Wold est fermé ; les tapis sont roulés et placés dans les coins de petites chambres inhabitées ; le damas fait pénitence sous la toile brune ; les sculptures et les dorures se mortifient dans l’ombre, et les ancêtres de la famille Dedlock s’évanouissent de nouveau dans les ténèbres ; autour du vieux manoir, les feuilles s’amoncellent ou s’envolent pour retomber en tournoyant avec une morne lenteur ; que le jardinier les balaye, qu’il les enlève des pelouses, les entasse dans sa brouette et les conduise au loin, elles n’en couvrent pas moins d’une couche épaisse les allées et les pelouses. Le vent hurle et siffle dans les arbres, et vient s’abattre en gémissant contre les murs ; la pluie fouette les vitres, les fenêtres craquent, les cheminées grondent, les nuages couvrent les avenues d’un voile épais, masquent les points de vue, et passent comme un cortège funèbre