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LE CRICRI DU FOYER.

— Cette maison a été une heureuse maison pour moi, John, et j’aime le Cricri à cause d’elle.

— Heureuse, en effet, Dieu le sait, reprit John… Heureuse par elle, toujours… jusqu’à présent.

— Elle si douce, si gracieuse, si joyeuse dans son ménage, si charmée de ses occupations et si contente… dit la voix.

— Autrement, je ne l’eusse jamais aimée comme je l’aimais, dit John.

— Comme tu l’aimes, dit la voix en le reprenant.

— Comme je l’aimais, » répéta John, mais d’un accent plus faible qui le trahissait malgré lui et exprimait la vérité qu’il cherchait en vain à se dissimuler.

L’apparition fantastique, dans une attitude d’invocation, leva la main et dit :

« Par ton foyer !…

— Le foyer qu’elle a désolé, dit John en interrompant.

— Par le foyer qu’elle a — si souvent — sanctifié et embelli, dit le Cricri ou la fée, — par le foyer qui sans elle ne serait qu’un amas de pierres avec quelques briques et une grille rouillée ; mais, qui, grâce à elle, est devenu l’autel de ta maison, — l’autel où tu as chaque jour sacrifié quelque petite passion, d’égoïstes instincts ou de lâches préoccupations, en leur substituant un esprit calme, une nature confiante et la générosité du cœur ; par ton foyer, dont la fumée s’est convertie ainsi