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LE CRICRI DU FOYER.

nieurs que ce couvercle récalcitrant aux efforts de Mrs Peerybingle.

La Bouilloire se montrait donc revêche et boudeuse, portant son anse avec un air de bravade, faisant jaillir avec impertinence et moquerie ses petits jets d’eau sur Mrs Peerybingle, comme pour dire : « Je ne veux pas bouillir, rien ne m’y décidera. »

Mais Mrs Peerybingle avait retrouvé sa bonne humeur ; frottant ses mains mignonnes et potelées l’une contre l’autre, elle s’assit en souriant devant la Bouilloire. Cependant le feu flambait joyeusement et illuminait de ses éclairs intermittents sur le faîte de la pendule de Hollande, le petit faucheur qu’il faisait paraître immobile devant le palais moresque comme s’il n’y avait d’autre mouvement que celui de la flamme.

Le petit faucheur allait toujours néanmoins. Il avait ses spasmes, deux par secondes, très-régulièrement. Mais c’était effrayant de voir ses tortures lorsque la pendule était sur le point de sonner : alors s’ouvrait la porte à trappe du palais ; un coucou se montrait, exhalant six fois sa note monotone, dont le retentissement faisait frissonner chaque fois le faucheur comme une voix de spectre… ou comme si un ressort en fil de fer lui eût tiraillé les jambes.

Ce ne fut qu’après une violente secousse, après la cessation du bruit criard des contrepoids et des cordes de la machine, que le faucheur revint à lui ; mais ce