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Page:Dickens - Cri-cri du foyer, traduction Pichot, 1847.djvu/170

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LES CARILLONS.

niche pour se réchauffes par l’exercice, montait et descendait une douzaine de fois, puis rentrait plus vaillant que jamais.

On l’appelait Trotty à cause de son pas qui affectait les mouvements de la vitesse, s’il ne les réalisait pas ; il aurait pu marcher plus vite peut-être ; oui, il le pouvait, mais si vous lui aviez ôté son trot, Trotty se serait mis au lit et serait mort. Ce trot le crottait jusqu’à l’échine en hiver ; ce trot lui causait une véritable fatigue ; Trotty aurait pu adopter une allure infiniment plus aisée, mais c’était une des raisons qui le faisaient y tenir si obstinément. Ce vieillard si faible, si petit, si malingre, c’était un Hercule de bonnes intentions ; il aimait à bien gagner son argent ; il se faisait un plaisir de croire, — Toby était très-pauvre et n’avait aucun plaisir dont il pût volontiers se passer — il se faisait un plaisir de croire qu’il avait sa valeur. Avec une commission ou un petit paquet à la main qui devait lui rapporter un shelling ou un shelling et demi, son courage toujours grand, grandissait encore. Lorsqu’il trottait, il criait aux facteurs qui couraient devant lui : « écartez-vous de mon chemin, » — croyant fermement que, dans le cours naturel des choses, il devait inévitablement les atteindre et les devancer à son tour, comme il avait la confiance parfaite, confiance rarement mise à l’épreuve, de pouvoir porter tout ce qu’un homme a la force de soulever.