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LES CARILLONS.

avait réservé pour la bonne bouche, et que le monsieur était occupé à retourner avec les dents de la fourchette.

Deux autres messieurs étaient sortis avec lui de la maison. L’un était un homme de moyen âge, à l’air abattu, triste, au costume peu étoffé et mal brossé, qui tenait les mains plongées dans les larges goussets rabattus d’un étroit pantalon gris. L’autre était un monsieur mieux conditionné, plus mince, mais de bonne mine, avec un habit bleu à boutons de métal et une cravate blanche. Ce monsieur avait le teint ardent, comme si le sang se portait à sa tête dans des proportions inégales, ce qui expliquait peut-être aussi pourquoi il paraissait avoir froid à la région du cœur.

Celui qui tenait la fourchette appela le premier des deux autres du nom de Filer, et ils s’approchèrent tous les deux. M. Filer étant myope fut obligé de mettre le nez sur le reste du dîner de Toby avant de pouvoir reconnaître ce que c’était : Toby trembla, son cœur bondit ; mais M. Filer ne mangea pas.

« C’est un mets de chair animale, alderman, dit Filer en piquant le morceau de tripe avec un porte-crayon, un mets connu de la classe ouvrière de ce pays, sous le nom de tripes. »

L’alderman sourit et cligna de l’œil, car c’était un homme très-gai, l’alderman Cute. Oui, et un homme sagace, un homme habile, au courant de tout, qu’on ne