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LES CARILLONS.

de sa roue mobile des perceptions tout aussi distinctes que le monsieur sur son âge d’or défunt.

Il est possible que le pauvre Trotty eût encore un reste de foi dans le vague vieux temps, car il se sentit dans le vague en ce moment. Une chose lui paraissait claire au milieu de sa détresse, à savoir, que, quel que fût le désaccord de ces messieurs dans les détails, ses propres pressentiments de ce matin n’étaient que trop bien fondés : » Non, non, nous ne pouvons aller droit, ni faire bien, pensait Trotty avec désespoir ! Il n’y a rien de bon en nous : nous sommes nés méchants. »

Mais Trotty avait un cœur de père qui protestait secrètement contre cette sentence, et il lui faisait peine d’exposer Meg, encore sous la douce impression de son court bonheur, à s’entendre prédire son avenir par ces sages messieurs. « Dieu la préserve, pensait le pauvre Toby : elle le connaîtra bien assez tôt. »

Il fit donc signe au jeune forgeron d’emmener Meg. Mais Richard était si absorbé par le plaisir de son tête-à-tête que le signe de l’inquiet Toby ne lui parvint qu’en parvenant à l’alderman Cute. Or, l’alderman n’avait pas encore eu son tour, et il était philosophe aussi lui, philosophe pratique de plus ; oh ! oui, très-pratique : et comme il n’entendait nullement perdre un seul auditeur, il s’écria : « Arrêtez ! »

« Vous savez, dit l’alderman, s’adressant à ses deux amis avec ce sourire de contentement qui lui était ha-