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LES CARILLONS.

en voyant que Meg avait pâli et quitté la main de son fiancé.

« Quant à vous, jeune bouledogue, dit l’alderman en se tournant avec gaîté et urbanité vers le forgeron, à quoi pensez-vous de vous marier ? qu’avez-vous besoin de vous marier, pauvre fou ? Si j’étais un beau et robuste garçon comme vous, je serais honteux d’être assez soupe au lait pour m’attacher aux cordons du tablier d’une femme. Eh ! elle sera une vieille femme avant que vous ayez trente ans, et vous ferez une jolie figure quand vous traînerez partout à vos trousses une femme épuisée et une peuplade d’enfants criards. »

Ah ! il savait goguenarder les pauvres gens, le digne alderman Cute !

« Allons, partez, et repentez-vous, continua-t-il ; ne soyez pas assez imbécile pour vous marier le jour de l’an. Vous aurez une toute autre idée de la chose longtemps avant Noël prochain. Un joli garçon comme vous que toutes les filles appellent de l’œil… allez, allez, mon garçon. »

Ils s’en allèrent, non plus en se donnant le bras ni en se prenant la main, ou échangeant de brillants regards, mais elle tout en larmes, lui sombre et la tête basse. Étaient-ce bien là ces deux cœurs qui avaient fait tressaillir de bonheur celui de Toby ? non, non. L’alderman (béni soit-il ! ).les avait supprimés, « Puisque vous êtes là, dit l’alderman à Toby, vous me porterez une lettre,