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LES CARILLONS.

souffert, ont vécu, sont morts : — pour montrer à l’homme le chemin ouvert devant lui. Celui qui cherche à le ramener en arrière ou à l’arrêter dans sa course, entrave le mouvement d’une puissante machine qui frappera de mort l’imprudent, et ne fera que marcher plus rapide et plus terrible après sa suspension momentanée.

— Je n’ai jamais rien tenté de pareil que je sache, répondit Trotty. C’est tout-à-fait par hasard, sans le vouloir, si je l’ai fait. Je me garderais bien de le faire, très-certainement. »

Le fantôme du Bourdon répliqua :

« Celui qui met dans la bouche du Temps ou dans celle des ministres et interprètes du Temps un cri de lamentation sur des jours qui ont eu leurs épreuves, qui ont eu leurs fautes, et qui en ont laissé des traces, visibles même aux moins clairvoyants — un cri de lamentation qui ne profite au Présent, que parce qu’il montre à l’homme quel besoin il a encore de son courage et de ses efforts quand il se trouve des cœurs assez faibles pour écouter les regrets inspirés par un tel Passé — celui qui fait cela est coupable envers nous, et voilà le tort que tu nous as fait à nous — aux Cloches. »

Les premières terreurs de Trotty commençaient à se calmer. Mais nous avons vu quelle tendresse et quelle gratitude il éprouvait pour les Cloches, et lorsqu’il s’entendit accuser d’une offense si grave contre elles, son cœur fut touché d’un douloureux repentir.