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LES APPARITIONS DE NOËL.

que je veux dire… attention ! » Et en parlant ainsi, il le saisit doucement par le bras : « Levez-vous et venez avec moi ! »

Vainement Scrooge se serait excusé de cette promenade en objectant la saison et l’heure, la bonne chaleur de son lit, le thermomètre au-dessous de la glace, son costume, sa robe de chambre, son bonnet de nuit, ses pantoufles et son rhume de cerveau ; il n’y avait pas moyen de résister à cette douce étreinte. Il se leva ; mais voyant que l’Esprit se dirigeait vers la fenêtre, il prit une attitude suppliante :

« Je ne suis qu’un mortel, dit-il, et nullement assuré contre une chute.

— Il suffit que ma main vous ait touché le cœur, dit l’Esprit, qui joignit le geste à la parole, et vous n’aurez rien à craindre. » En effet, ils traversèrent ensemble la muraille et se trouvèrent au milieu d’une campagne, loin de la ville : le brouillard avait disparu ainsi que les ténèbres : c’était un beau jour d’hiver avec une neige récemment tombée.

« Bonté du ciel ! dit Scrooge en joignant les mains et regardant autour de lui : J’ai été élevé ici… J’y ai passé mon enfance. »

L’Esprit lui adressa un regard plein de douceur. Et le vieux Scrooge sentit encore sur son cœur l’impression vivifiante de cette main qui l’avait touché tout-à-l’heure ; il lui sembla respirer dans l’air une foule d’o-