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LES APPARITIONS DE NOËL.

en s’apercevant que cette lumière partait de la chambre voisine. Il se leva à petit bruit et se glissa en pantoufles jusqu’à la porte. Au moment où il mettait la main sur la serrure : « Entrez, Scrooge ! » lui cria une voix inconnue. Il obéit.

Cette seconde pièce était bien le salon de son appartement, il n’y avait pas à en douter ; mais elle avait subi une transformation surprenante. Les murs et le plafond étaient si artistement décorés de feuillage qu’on eût dit un bosquet. De toutes ces touffes, de toutes ces guirlandes, pendaient des fruits brillants ; les feuilles lustrées des rameaux de buis, de gui, de laurier et de lierre, reflétaient la lumière comme autant de petits miroirs. Dans la cheminée flambait un large feu, tel que ce foyer malheureux n’en avait vu depuis bien des hivers, du temps de Marley et du temps de Scrooge ; sur le plancher une espèce de trône était formé par une accumulation de dindes et d’oies grasses, de poulardes et de chapons, de jambons et de roast-beefs froids, de gibier et de cochons de lait, de ronds de saucisses, de pâtés, de plumpoudings, de barils d’huîtres, de marrons rôtis, de pommes vermeilles, d’oranges dorées, de poires juteuses, d’immenses gâteaux et de bowls de punch qui parfumaient l’appartement de leur délicieuse vapeur. Mollement assis sur ce trophée gastronomique, était un joyeux géant, superbe à voir, armé d’une torche, assez semblable à une corne d’abondance,