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LES APPARITIONS DE NOËL.

qui rayonnait sur l’abîme : joignant leurs mains calleuses par-dessus une table grossière, ils se souhaitaient une joyeuse fête de Noël en buvant leur grog, et le plus âgé des deux, à la face hâlée, semblable à la sombre tête qui orne l’avant d’un navire, entonna une chanson qu’on eût prise pour un autre ouragan.

L’Esprit ne s’arrêta pas là non plus, et entraînant Scrooge par-dessus la vaste étendue de l’eau salée, il le débarqua sur un vaisseau, où le capitaine, les officiers de quart et les hommes de l’équipage étaient tous sous l’influence de Noël, les uns fredonnant un air de circonstance, les autres s’entretenant avec leurs camarades de ce qu’ils avaient fait naguère ou jadis à pareil jour.

Soudain, tandis que Scrooge écoutait, encore étourdi, le bruit des vents et des vagues, réfléchissant au périlleux voyage qu’il accomplissait, il entendit avec surprise un grand éclat de rire… avec plus de surprise encore il reconnut que cet éclat de rire provenait de son propre neveu et qu’il était dans une chambre bien éclairée, avec l’Esprit souriant à côté de lui et contemplant avec une approbation affable l’heureux rieur… tant celui-ci riait de bon cœur. Le rire, par compensation, n’est pas moins contagieux que les larmes : le neveu de Scrooge ne riait pas seul : la nièce de Scrooge, sa femme, riait comme son mari, et leurs hôtes ne riaient pas moins que le mari et la femme.

« Ah ! ah ! ah ! disait le neveu de Scrooge ; sur mon