Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 1.djvu/114

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« Allons, bon courage, monsieur Davy ! dit Cham de sa voix la plus affectueuse. Mais, comme vous voilà grandi !

— Je suis grandi ? demandai-je en m’essuyant de nouveau les yeux. Je ne sais pas bien pourquoi je pleurais ; ce ne pouvait être que de joie en revoyant mes anciens amis.

— Grandi ! monsieur Davy ? Je crois bien qu’il a grandi ! dit Cham.

— Je crois bien qu’il a grandi ! dit M. Peggotty.

Et ils se mirent à rire de si bon cœur que je commençai à rire de mon côté, et à nous trois nous rîmes, ma foi, si longtemps, que je voyais le moment où j’allais me remettre à pleurer.

« Savez-vous comment va maman, monsieur Peggotty ? lui dis-je. Et comment va ma chère, chère vieille Peggotty ?

— Admirablement, dit M. Peggotty.

— Et la petite Émilie, et mistress Gummidge ?

— Admirablement, dit M. Peggotty. »

Il y eut un moment de silence. Pour le rompre, M. Peggotty tira de ses poches deux énormes homards, un immense crabe et un grand sac de crevettes, entassant le tout sur les bras de Cham.

« Nous avons pris cette liberté, dit M. Peggotty, sachant que vous aimiez assez nos coquillages quand vous étiez avec nous. C’est la vieille mère qui les a fait bouillir. Vous savez, mistress Gummidge, c’est elle qui les a fait bouillir. Oui, dit lentement M. Peggotty en s’accrochant à son sujet comme s’il ne savait où en prendre un autre, c’est mistress Gummidge qui les a fait bouillir ; je vous assure. »

Je leur exprimai tous mes remercîments ; et M. Peggotty, après avoir jeté les yeux sur Cham qui regardait les crustacés d’un air embarrassé, sans faire le moindre effort pour venir à son secours, il ajouta : « Nous sommes venus, voyez-vous, avec l’aide du vent et de la marée, sur un de nos radeaux de Yarmouth à Gravesend. Ma sœur m’avait envoyé le nom de ce pays-ci et elle m’avait dit de venir voir M. Davy, si jamais j’allais du côté de Gravesend, de lui présenter ses respects, et de lui dire que toute la famille se portait admirablement bien. Et, voyez-vous, la petite Émilie écrira à ma sœur, quand nous serons revenus, que je vous ai vu, et que vous aussi vous alliez admirablement bien ; ça fait que tout le monde sera content : ça fera la navette. »

Il me fallut quelques moments de réflexion pour comprendre