Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 1.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Dans sa tournure, dans sa gaieté, dans sa voix si douce, dans sa noble figure, il y avait je ne sais quel attrait mystérieux auquel on cédait sans le vouloir. Je vis tout de suite qu’il les charmait l’un et l’autre, et qu’ils étaient tout disposés à lui ouvrir leurs cœurs.

« Quand vous enverrez la lettre à Peggotty, dis-je à ces braves gens, vous leur ferez savoir, je vous prie, que M. Steerforth est très-bon, pour moi, et que je ne sais pas ce que je deviendrais ici sans lui.

— Quelle bêtise ! dit Steerforth en riant. N’allez pas leur dire ça.

— Et si M. Steerforth vient jamais en Norfolk ou en Suffolk, monsieur Peggotty, continuai-je, vous pouvez être bien sûr que je l’amènerai à Yarmouth pour voir votre maison. Vous n’avez jamais vu une si drôle de maison, Steerforth elle est faite d’un bateau !

— Faite d’un bateau ! dit Steerforth. Eh bien, c’est la maison qui convient à un marin pur-sang.

— C’est bien vrai, monsieur ; c’est bien vrai, dit Cham en riant. Vous avez raison. Monsieur Davy, ce jeune monsieur a raison. Un marin pur-sang ! Ah, ah ! C’est bien ça. »

M. Peggotty était tout aussi ravi que son neveu mais sa modestie ne lui permettait pas de s’approprier aussi bruyamment un compliment tout personnel.

« Mais oui, monsieur, dit-il en saluant et en rentrant les bouts de sa cravate dans son gilet ; je vous suis obligé, monsieur, je vous remercie. Je fais de mon mieux, dans ma profession, monsieur.

— On ne peut rien demander de plus, monsieur Peggotty, dit Steerforth. Il savait déjà son nom.

— C’est ce que vous faites vous-même, j’en suis sûr, monsieur, dit M. Peggotty en secouant la tête, et vous y réussissez, j’en suis certain, monsieur. Je vous remercie, monsieur, de m’avoir si bien accueilli. Je suis un peu rude, monsieur, mais je suis franc ; je l’espère, du moins, vous comprenez. Ma maison n’est pas belle, monsieur, mais elle est toute à votre service, si jamais vous voulez venir la voir avec M. Davy. Mais je reste là comme un colimaçon, dit M. Peggotty, ce qui signifiait qu’il restait attaché là, sans pouvoir s’en aller. Il avait essayé après chaque phrase, de se retirer, mais sans jamais en venir à bout. « Allons, je vous souhaite une bonne santé et bien du bonheur. »