Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 1.djvu/208

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de David Copperfield ? N’allez pas faire semblant de manquer de mémoire, parce que je sais aussi bien que vous ce qu’il en est.

— David Copperfield ? dit M. Dick, qui me faisait l’effet de n’avoir pas des souvenirs très-nets sur la question. David Copperfleld ? oh ! oui ! sans doute. David, c’est vrai !

— Eh bien ! dit ma tante ; voilà son fils : il ressemblerait parfaitement à son père s’il ne ressemblait pas tant aussi à sa mère.

— Son fils ? dit M. Dick, le fils de David ? est-il possible ?

— Oui, dit ma tante, et il a fait un joli coup ! il s’est enfui. Ah ! ce n’est pas sa sœur, Betsy Trotwood, qui se serait sauvée, elle ! » Ma tante secoua la tête d’un air positif, pleine de confiance dans le caractère et la conduite discrète de cette fille accomplie, à laquelle il ne manquait que d’avoir jamais vu le jour.

« Oh ! vous croyez qu’elle ne se serait pas sauvée ? dit M. Dick.

— Est-il Dieu possible ! dit ma tante. À quoi pensez-vous ? Je ne sais peut-être pas ce que je dis ? Elle aurait demeuré chez sa marraine, et nous aurions vécu très-heureuses ensemble. Où donc voulez-vous, je vous le demande, que sa sœur Betsy Trotwood se fût sauvée, et pourquoi !

— Je n’en sais rien, dit M. Dick.

— Eh bien ! reprit ma tante, adoucie par la réponse, pourquoi faites-vous le niais, Dick, quand vous êtes fin comme l’ambre ? Maintenant, vous voyez le petit David Copperfield, et la question que je voulais vous adresser, la voici : que faut-il que j’en fasse ? q

— Ce qu’il faut que vous en fassiez ? dit M. Dick d’une voix éteinte et en se grattant le front ; que faut-il en faire ?

— Oui, dit ma tante, en le regardant sérieusement et en levant le doigt. Attention ! il me faut un avis solide.

— Eh bien si j’étais à votre place… dit M. Dick, en réfléchissant et en jetant sur moi un vague regard, je… ce coup d’œil me sembla lui fournir une inspiration soudaine, et il ajouta vivement : je le ferais laver !

— Jeannette, dit ma tante en se retournant avec un sourire de triomphe que je ne comprenais pas encore ; M. Dick a toujours raison ; faites chauffer un bain ! »

Quelque intérêt que je prisse à la conversation, je ne pus m’empêcher, pendant ce temps-là, d’examiner ma tante, M.Dick